Messier est servi !

Sous la présidence d’André Santini, député-maire d’Issy-les-Moulineaux, le jury du prix Iznogoud récompense chaque année, je cite : « une personnalité d’une grande notoriété qui a tenté de devenir calife à la place du calife, s’est vantée et a échoué dans son entreprise ».

Le choix du jury, notamment composé de Roselyne Bachelot et du dessinateur d’Iznogoud Jean Tabary, s’est porté cette année sur… Jean-Marie Messier pour l’ensemble de son œuvre universelle.

Ayons une pensée pour tous les employés du groupe Vivendi qui ont dû se réjouir à l’annonce de cette petite récompense bien méritée, eux à qui on aura refusé une augmentation de 10 euros par mois (ça existe) au prétexte que leurs prétentions risquaient de mettre en péril la bonne santé de l’entreprise ; alors que peu de temps avant une éviction prévisible, leur patron s’octroyait une augmentation de salaire de 128 % sur la base d’une rémunération qu’il serait indécent de rappeler ici par ces temps de grosse chaleur…

Dans la France d’en bas, on connaît peu de commerciaux à qui on proposerait une augmentation de salaire de 128 % au regard d’une chute de 77 % de leur portefeuille. C’est pourtant dans ces proportions-là que la France d’en haut se gratifie.

Comme l’ancien patron d’Air Lib qui, à peine nommé président pour redresser une entreprise en difficulté, s’est octroyé une « prime de bienvenue » de 800 000 euros ! C’est ce qui s’appelle voler de ses propres zèles.

Comme l’ancien patron d’Elf qui, venant à peine de signer sa lettre de démission, court s’acheter l’après-midi même pour 80 000 F de mobilier de jardin avec la carte bleue de l’entreprise qu’il avait « oublié » de rendre. Il dira au juge que c’était une « inadvertance » de sa part, que c’était une habitude et qu’il n’avait pas encore pris conscience qu’il n’appartenait plus à l’entreprise. Une entreprise où l’on doit encore trouver un sous-califougasse qui rationne les gommes et les crayons au petit personnel pour maîtriser ses frais de gestion. Non, mais !

Ayons également une pensée pour toutes les têtes de collaborateurs compétents que le califounet Messier a dû couper pour atteindre la puissance convoitée. C’est que tout patron qui veut se donner rapidement et artificiellement de l’envergure doit nécessairement tuer des gens sur son passage, des hommes et des femmes plus compétents que lui, plus loyaux, plus intègres, pour arriver à imposer un jour sa propre expérience de l’incompétence. Le principe de Peter exige quelques sacrifices.

Hélas, le sort s’acharne sur califournouille. Le tribunal de grande instance de Paris vient de mettre sous séquestre l’indemnité de départ de 20,6 millions d’euros qu’un tribunal artibral américain lui avait récemment accordé. Tout le monde compatira à cette petite misère financière car chacun sait l’importance d’avoir un petit pécule devant soi quand on s’apprête à passer l’été au camping de la plage avec sa petite famille.

Et voici que l’APPAC, association de défense des actionnaires, porte plainte contre X pour abus de bien social concernant les salaires de 2002 et les indemnités de départ de Vivendi Universal du califourchon. Un montant exagéré de la partie variable de la rémunération d’un patron, au regard du résultat négatif de sa société, constituerait un abus de bien social. En 2002 en effet, pour six mois de travail à la tête de VU, Messier aurait touché 5,6 millions d’euros tandis que le groupe affichait sur l’ensemble de l’année une perte historique de 23,3 milliards d’euros.

Mais les petits malheurs du califourchette ne s’arrêtent pas là. Outre l’ouverture d’une enquête judiciaire contre X pour « publication de faux bilans » et « diffusion d’informations fausses ou trompeuses » au marché, voici qu’un de ses anciens collaborateurs, le député UMP Alain Marsaud, prend la tête d’une mission d’information de l’Assemblée nationale sur les rémunérations excessives de grands patrons du CAC 40.

Voilà ce qui arrive, cher Iznogoud, quand on s’amuse à donner un coup de calife dans le contrat.

L’avocate accordéoniste se fait remonter les bretelles

Valérie Faure est avocate au barreau de Bergerac. Dans ces heures de détente, son plaisir est de jouer de l’accordéon avec son mari sur les marchés. Elle a été sommée de s’en expliquer devant le conseil de discipline de l’ordre des avocats qui considère que ce loisir musical porte atteinte à la dignité de la profession. “jouer de l’accordéon dans les rues est indigne et ridiculise toute la profession” (sic), dit l’un des accusateurs.

Je peux le comprendre : accordéoniste amateur moi-même, je n’ai pas fait d’études de droit, considérant que la profession d’avocat était indigne d’un musicien.

Le souffle est léger pour le moment, presque imperceptible. Mais observons bien le mouvement de la société au travers même de la petite actualité comme ce fait divers qui peut paraître anecdotique et faire sourire. Nous sommes sous le souffle d’un évangélisme exterminateur de nos libertés individuelles. Profitant d’une série d’interdits dont la société aurait besoin pour se remettre en ” ordre ” (c’est un autre débat), les lobbies intégristes de toute nature en profitent sournoisement pour imposer les leurs selon l’idée qu’ils se font du politiquement correct. À ce rythme, on peut se demander si dans quatre ou cinq ans les étudiants ne descendront pas dans la rue en criant qu’il est interdit d’interdire…

Il me semble qu’un grand ténor du barreau avait été inquiété, il n’y a pas si longtemps, dans une affaire de tableaux. Je n’ai pas entendu le conseil de l’ordre crier à l’indignité. Quand Me Verges, dans l’une de ses habituelles provocations, pose nu dans sa baignoire devant les photographes d’un grand magazine, personne ne parle d’indignité de la profession.

Soyons honnêtes. Ne profitons pas du cocasse de la situation en faisant mine d’ignorer le vrai motif de mécontentement. Ce que le conseil de l’ordre reproche officiellement à l’avocate, ce n’est pas tant de jouer de l’accordéon dans les rues, mais de déposer à ses pieds l’étui de l’instrument ouvert, permettant aux passants d’y jeter une petite pièce. Le conseil assimile cette situation à de la mendicité et là se trouverait la fameuse indignité. La jeune femme proteste en disant qu’il n’y a pas mendicité puisqu’elle offre une prestation en échange. Quand on choisit comme instrument le piano du pauvre, il n’est pas étonnant que la mendicité l’accompagne.

Giscard jouait de l’accordéon et nul n’a jugé qu’il portait atteinte à la dignité de la présidence de la République. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il ne s’agissait pas de mendier des voix. Bill Clinton jouait du saxophone sur les estrades électorales et personne n’a pensé que cette indignité portait atteinte à l’image de l’Amérique dans le monde. Il fut un temps, de nombreux hommes politiques, membres du gouvernement et parlementaires, se précipitaient dans certains shows télévisés pour chanter faux (bien avant Star Academy) . Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y avait pas là une forme de mendicité électorale.

Quand un grand maître des prétoires qui se prend aussi pour un grand écrivain trouve un éditeur pour publier ses souvenirs d’enfance dont tout le monde se fout à part quelques membres de sa famille, personne ne va lui reprocher ses droits d’auteur. Il serait prétentieux d’établir une hiérarchie artistique et de croire que l’écriture d’un livre est plus honorable que de jouer de l’accordéon sur les marchés…

Pour que le conseil de l’ordre soit saisi de cette affaire, il a bien fallu un acte de délation. Là se trouve peut-être la véritable indignité.

Mais l’indignité, c’est aussi l’avocat qui “oublie” de venir assister son client (le cas est fréquent et je l’ai vécu) à une audience. L’indignité, c’est un juge qui vous convoque à 8 heures et qui se permet d’arriver à 11 h 30, sans s’excuser, prétextant qu’il a été retenu par une affaire importante, sous-entendu plus importante que la vôtre. L’indignité, c’est un président de tribunal qui demande à votre avocat, dans une affaire grave, d’écourter sa plaidoirie (et je l’ai vécu) “parce qu’il est convié à un apéritif et qu’il ne voudrait pas le rater.” J’aurais mille fois préféré avoir devant moi un accordéoniste duquel j’aurais obtenu plus de doigté, un meilleur sens de l’harmonie et une attitude sans fausses notes, ce qui manque parfois cruellement à la justice. Sans parler de nombre d’élus politiques, avocats de professions, mis en cause dans des affaires et qui, retournés à la société civile, reprennent tranquillement leur profession… d’avocat !

La défense de l’accordéoniste est assurée par Me Collard, grand avocat médiatique et donc spécialiste des instruments à vent.

L’assassin habite chez Calmann Lévy

De nombreux auteurs de talent rongent leur plume dans un coin de la France littéraire d’en bas pendant qu’un assassin d’enfant n’a rencontré aucune difficulté à séduire l’industrie du livre.

Le passionné d’écriture enverra vainement son manuscrit aux éditeurs, par la poste. Il collectionnera les lettres de refus polis lui disant que ses textes ne semblent pas correspondre à l’attente du public ou qu’il n’existe pas de collection susceptible de les accueillir.

Un assassin d’enfant, lui, ne perd pas son temps à envoyer son précieux manuscrit par la poste. Il convoque les éditeurs. Et ils viennent. Tel petit papa Denoël qui envoya un de ses collaborateurs déjeuner avec la star-killer.

Finalement, c’est chez Calmann-Lévy que l’assassin d’enfant fera l’unanimité du comité de lecture qu’on félicitera au passage. Espérons qu’on ne se trompe pas en félicitant le comité puisqu’un éditeur dit toujours que votre ouvrage lui a fait forte impression, qu’il aurait vraiment souhaité le publier, mais que, hélas, son comité de lecture ne l’a pas suivi…À moins que les stars-killers soient dispensées du passage en comité de lecture.

Passons sur le contenu du bouquin dont la presse dit qu’il est sans intérêt, au cas où on aurait pensé en trouver un et surtout au regard de la “réinsertion sociale” honorable de l’artiste.

Il y a donc une collection et un public pour les confessions ratées de la vie ratée d’un assassin d’enfant.

La controverse s’anime à propos du scandale qu’il y aurait pour un assassin d’enfant à se faire du pognon sur la notoriété de son crime dont le motif était déjà de se faire du pognon. Un député est monté au créneau en préparant une proposition de loi pour que les droits d’auteur des criminels soient reversés à des associations. Mais jusqu’à ces derniers jours, personne ne semblait s’indigner qu’un éditeur et un réseau de diffusion ne se fasse du pognon sur le crime d’un enfant raconté par son auteur. Il faut savoir en effet qu’un ” écrivain ” perçoit entre 8 et 10 % du prix hors-taxes d’un livre, parfois plus s’il y a eu négociation sur des paliers de ventes. Ce n’est pas ” l’auteur ” qui dans cette affaire empocherait le plus de pognon. Le reste serait réparti entre l’éditeur (ce n’est pas lui qui gagne le plus), le diffuseur (c’est le plus gourmand) et le libraire (environ 33% quand même). N’oublions pas l’État qui, avec la TVA, empoche toujours sa part des mauvaises actions sans que nul ne le remarque. Une indignité en conséquence bien partagée, comme on peut le voir.

Mais voilà qu’on apprenait le 14 novembre dernier que les actionnaires de Calmann-Lévy avaient appelé Hachette Livre (qui détient 70% du capital de l’éditeur) à reverser ” la majorité des bénéfices issus de la vente du livre “ de l’assassin d’enfant à des associations.

Rien ne permet d’affirmer à ce jour que cette bonne résolution a été réellement suivie d’effet.

Une remarque cependant : si c’était pour aboutir à une affaire quasiment blanche, il eut été sans doute plus intelligent et surtout plus honorable de renoncer à publier les mémoires de l’assassin d’enfant.

Sollers épinglé

Dans son émission Tout le monde en parle, Thierry Ardisson demande à Philippe Sollers ce qu’il pense de cette phrase : “L’amour mène à la violence ou à la mélancolie.”

“Je ne sais pas qui a dit ça, répond le Très Grand Écrivain de tous les temps, mais c’est quelque chose de très bête.”

“C’est con, reprend Thierry Ardisson, parce que c’est vous…”

Faux mage et désert

Tout le monde connaît la célèbre Elizabeth Teissier, désastrologue réputée, carto-mitterrandienne, tireuse de carpes, maboule de cristal élyséenne, abrégée de sociologie en Sorbonne et, cela va de soi, écrivain-vaine qui a sûrement du style et quelque chose d’intelligent à dire à l’humanité puisqu’elle a trouvé sans peine un éditeur depuis belle lurette.

Elle publie donc ses prévisions pour l’année 2002.

Souvenez-vous, elle notait à la date du 11 septembre 2001 : “Jour heureux pour les transports.”

Pour 2002, elle prédit une situation internationale stabilisée, la fin des guerres et la reprise économique.

En conséquence, voici mes prévisions : attendez-vous au pire !

Stephen King traque les souverains poncifs

Dans son dernier livre ÉCRITURE, mémoires d’un métier, publié chez ALBIN MICHEL, Stephen King donne quelques conseils d’écriture aux écrivains.

Ne vous attendez pas à un enseignement de haute volée malgré l’éloge de la quatrième de couverture qui n’hésite pas à qualifier ce livre de “hors norme et génial, tout à la fois essai sur la création littéraire et récit autobiographique. Mais plus encore révélation de cette alchimie qu’est l’inspiration.” Je comprends mieux pourquoi mon manuscrit a été refusé par ALBIN MICHEL. Si c’est ce niveau-là de l’écriture qui leur suggère le génie et le hors norme, il y avait de toute évidence une distance technique et une incompréhension entre nous.

Reprenant sans doute l’équivalent américain du Larive & Fleury, son cours de grammaire en CM2, Stephen King écrit, page 231 : “La comparaison zen n’est que l’un des pièges potentiels du langage au figuré. Le plus courant (le manque de culture littéraire est d’ailleurs à peu près toujours à l’origine de ce qui nous fait chuter) est l’utilisation de comparaisons, métaphores et images qui sont devenues des clichés. Il courait comme un fou, elle était jolie comme un cœur, il s’est battu comme un lion… Ne me faites pas perdre mon temps avec des poncifs aussi éculés. Vous risquez de passer pour paresseux ou ignorant. Aucune de ses descriptions n’améliorera votre réputation d’écrivain.”

Toujours prêt à prendre une leçon qui améliorerait mon style dans l’espoir d’être reconnu un jour par un éditeur traditionnel, j’ai donc consulté au hasard deux titres récents, deux romans, du catalogue… ALBIN MICHEL.

Premier exemple, le dernier roman d’un grand écrivain dont je ne citerai pas le nom par délicatesse, mais qui est publié parce qu’il présente le journal de 20 heures sur la première chaîne de télévision. Je prends une page au hasard. Je vous jure que je ne mens pas, vous pouvez vérifier.

Que lit-on :

– “Barbara lui répondit d’un pâle sourire...”
– “… cheveux noirs mi-longs, yeux verts, […] carrure athlétique…
– “… elle attisait le regard des hommes.”
– “Elle démarra sur les chapeaux de roues…
– “… s’en méfiaient comme de la peste.
– “… tandis que leurs épouses les fusillaient du regard…
– “… qu’il valait mieux ne pas tomber dans ses filets.

Deuxième exemple : le roman d’un grand écrivain (tiens ? Certains ont le droit de publier un premier roman après 45 ans ?) dont je ne citerai pas le nom par délicatesse, mais qui est publié parce qu’il fait aussi tomber la neige.

Je vais me limiter à lire le début du roman, c’est-à-dire l’insipide, pardon : l’incipit.

“Bruxelles endimanché a lâché ses blancs moutons dans son ciel de printemps.”

C’est beau comme une rédaction du CM2.

Que disait Stephen ? Ah oui : “… Vous risquez de passer pour paresseux ou ignorant.”

Je ne sais pas si je dois m’adresser à Monsieur Albin ou à Monsieur Michel, mais, franchement, vous devriez dire à Monsieur King que ce n’est pas sympa de sa part de montrer du doigt les défauts de ses petits camarades.

C’est pas moi qui ferais une chose pareille…

Plus de peur que de mâles

L’éditeur Plon vient de publier un livre intitulé : “J’ai connu sept ministres de l’Éducation nationale”. L’auteur : Monique Vuaillat.

Fort heureusement, une bande sur jaquette précise : “Pendant 17 ans à la tête du principal syndicat d’enseignants”.

Ouf ! J’avais pris peur. J’ai cru un moment que Catherine Millet avait fait une adepte !

Robbe-Grillet dégomme

(Allusion à son deuxième roman Les gommes. J’explique, sinon mon jeu de mots est grillé.)

Dans Le Voyageur (Christian Bourgois Éditeur), on trouve un entretien accordé par Alain Robbe-Grillet au magazine LIRE en 2000.

Sur la littérature d’aujourd’hui : Ne pas déranger

“Aujourd’hui, un jeune écrivain se doit d’avoir un appartement, un chien, une femme , une voiture, un poisson rouge. Il veut vendre ses livres vite et en vivre bien. Et il deviendra d’autant mieux un auteur de best-sellers que sa littérature ne dérangera pas. […] La littérature est faite de littératures. Il y a la littérature qui dérange et celle qui ne dérange personne. […] On peut craindre que les jeunes écrivains ne refoulent leur capacité de dérangement. Mais ont-ils vraiment envie de déranger ? C’est peut-être notre époque qu’il faut incriminer.”

Sur l’édition : Le pognon d’abord

“Autrefois, le métier d’éditeur ne relevait pas vraiment du commerce. Le vieux Fischer, par exemple, qui est à l’origine de plusieurs prestigieuses maisons d’édition allemandes, définissait ainsi son activité : “Publier des livres dont le public ne veut pas.” Jérôme Lindon était ainsi. De nos jours, perdre de l’argent, c’est stupide. Autrefois, c’était en gagner qui était plouc !”

Sur les prix littéraires : Des navets pour des poires

[…] “Le seul objectif des prix littéraires, c’est de faire vendre des livres. […] Si les livres primés ne se vendent pas, le prix disparaît. J’ai fondé plusieurs prix, et participé à des quantités d’autres? Le premier a été le prix de Mai. […] Nous avons couronné uniquement des livres qui n’étaient ni médiatiques ni médiatisables. Et le prix a disparu tout simplement. Pourquoi le prix Médicis a survécu ? Parce que nous couronnons au moins une année sur deux un navet vendable.
On fonde un nouveau prix parce qu’on trouve que les autres ne couronnent pas assez de livres intéressants. C’est comme cela que le Renaudot a été créé, en réaction contre le Goncourt, le Médicis contre le Femina. On commence donc par choisir des livres difficiles et intéressants. Mais on s’aperçoit très vite qu’il ne faut pas exagérer !
Autre problème : la plupart des jurés de bonne valeur littéraire ne tiennent pas le coup. Il faut une sacrée dose d’énergie vitale et d’humour pour résister aux réunions d’un prix littéraire. 
[…] Il faut aussi supporter, évidemment,la pression des grands éditeurs. […] La seule chose que je regrette, c’est que, contrairement à ce qu’on entend dire, on ne nous paye pas. […] Il y a seulement tout un jeu d’amitiés, et souvent pour son propre éditeur.”

“… nous couronnons au moins une année sur deux un navet vendable.”

Et c’est ainsi que la France littéraire s’emmerde.

Mardi 11 septembre 2001

“Que deviennent et que m’importent l’humanité, la bienfaisance, la modestie, la tempérance, la douceur, la sagesse, la piété, tandis qu’une demi-livre de plomb tirée de six cents pas me fracasse le corps, et que je meurs à vingt ans dans des tourments inexprimables, au milieu de cinq ou six mille mourants, tandis que mes yeux, qui s’ouvrent pour la dernière fois, voient la ville où je suis né détruite par le fer et par la flamme, et que les derniers sons qu’entendent mes oreilles sont les cris des femmes et des enfants expirants sous des ruines, le tout pour des prétendus intérêts d’un homme que nous ne connaissons pas ?”

Voltaire
Le Dictionnaire philosophique, été 1764