Catégorie dans Société

Mardi 11 septembre 2001

“Que deviennent et que m’importent l’humanité, la bienfaisance, la modestie, la tempérance, la douceur, la sagesse, la piété, tandis qu’une demi-livre de plomb tirée de six cents pas me fracasse le corps, et que je meurs à vingt ans dans des tourments inexprimables, au milieu de cinq ou six mille mourants, tandis que mes yeux, qui s’ouvrent pour la dernière fois, voient la ville où je suis né détruite par le fer et par la flamme, et que les derniers sons qu’entendent mes oreilles sont les cris des femmes et des enfants expirants sous des ruines, le tout pour des prétendus intérêts d’un homme que nous ne connaissons pas ?”

Voltaire
Le Dictionnaire philosophique, été 1764

 

L’annonce faite à Marie-Rose

J’ai vu à la devanture d’une pharmacie cette publicité pour un produit anti-poux : “Si votre enfant se gratte la tête, inspectez sa chevelure.”
Il n’y a pas si longtemps, quand on voyait quelqu’un se gratter la tête, on l’imaginait cherchant une idée.
Mauvais signe des taons, aujourd’hui la progression des intelligences sera plus… lente.

Jorge Semprun : Illusion d’un futur

Venu à Nice pour inaugurer les débats de l’association psychanalytique internationale, l’écrivain Jorge Semprun s’est confié au quotidien NICE-MATIN à propos d’un livre de Freud publié en 1921 : La psychologie collective et l’analyse du Moi. “Freud analyse la fracture décisive et déterminante dans l’histoire de l’Europe qu’induisit la première guerre mondiale. Il évoque “le passé d’une illusion”. Moi, je préfère parler de l’illusion d’un futur. Freud aborde le thème de la psychologie des masses mais il y a une similitude étonnante entre les thèmes de l’époque et la problématique actuelle… Le XXe siècle fut celui de la destruction de l’homme par les hommes, des génocides, mais ce fut aussi celui de l’explosion démographique, première condition de la massification. Freud a certes prévu les phénomènes totalitaires, fascistes ou léninistes, mais il faut se garder d’être réducteur. Ces phénomènes peuvent également apparaître dans des sociétés démocratiques sous l’emprise de chefs charismatiques. Certes les effets ne sont pas les mêmes, mais ils risquent de finir par détruire la démocratie.” Se référant au politologue Nicolas Tenzer, il conclut : “la massification remplace les élites de la compétence par les élites de la notoriété.”