Métaphores en gueule

Métaphores en gueule

Il est quand même réconfortant de constater parfois que dans le domaine judiciaire notre société avance à grands pas.

À preuve cette décision de justice qui vient très officiellement de considérer que l’expression « [bip]culé de ta race » n’était pas une insulte susceptible de mettre juridiquement en cause son auteur pour diffamation. Il s’agirait d’une sorte d’expression-réflexe dont le sens premier n’est pas à retenir précisément. « En[bip]lé » est donc à prendre comme une simple métaphore qui ne veut pas nécessairement signifier une honteuse dilatation de l’anus obtenue sous l’insistante exploration d’un objet étranger. Quant au mot race , il ne viserait personne en particulier puisqu’il se rapporte à l’humanité entière, les scientifiques nous ayant expliqué qu’il n’y en a pas plusieurs mais une seule, la race humaine.

Dire à quelqu’un « En[bip]lé de ta race » se retourne alors contre son auteur en devenant une sorte d’autopénétration que seule la langue française permet de réaliser sans plus de contorsions qui pourraient mettre en danger l’état des cervicales.

Autre décision importante de la justice française, la cour de cassation a annulé la condamnation d’un mensuel qui avait qualifié le Beaujolais de « vin de m… ». Sur plainte de 56 syndicats viticoles, la cour d’appel de Lyon avait pourtant confirmé le jugement du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône. L’article contesté reprenait les termes d’un professionnel français de la dégustation qui déclarait que les viticulteurs du Beaujolais « étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de m… » . La cour de cassation a donc estimé que les précédentes décisions judiciaires étaient contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme qui protège la liberté d’expression.

Au nom de la liberté d’expression et sous le haut patronage de la justice française, je suis donc ravi de pouvoir dénoncer ici les éditeurs culturels français pour leur littérature marchande de m… et leurs en[bip]lés d’auteurs à chi[bip] (autre exemple métaphorique – Trope du premier niveau).

Ah ! Ça soulage bor[bip] de société ! (Expression également métaphorique).

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