Étiquette dans show-business

Huit mariages, un enterrement

Eddie Barclay est mort. Comme Jésus, son nom servira aux fidèles du show-biz de repère historique pour séparer les Anciens et les Modernes, l’époque des « vedettes » d’hier de celle des « stars » d’aujourd’hui. L’époque des producteurs intuitifs et indépendants et l’époque des grosses machines de production où de petits marquis du marketing décident de ce qu’il convient d’écouter.

Toute la « show-biz nostalgie » va fondre sur nos écrans et roucouler du « C’était une autre époque », du « C’était mieux avant ». Déjà, Mireille Mathieu vient de se fendre d’une déclaration : « Eddie, c’était que du bonheur ! » Ce qui prouve la profondeur de l’analyse, l’intensité de la mémoire et la richesse du vocabulaire. Ils vont tous se dire l’ami de Barclay, on laisse toujours beaucoup d’amis au fond des coupes de champagne gratis. Ils vont tous se dire l’ami de Barclay comme d’autres prétendent l’avoir été du commandant Massoud qu’ils n’ont bien sûr jamais rencontré.

Certes, il a notablement contribué à l’éclosion de nombreux talents. C’était surtout des auteurs et des compositeurs qu’on cherchait à l’époque. Par cet homme nous sont arrivés les Brel, Nougaro, Ferré et Ferrat. On ne va pas s’en plaindre. Eddie, si tu nous entends, merci.

Aujourd’hui on ne cherche plus d’auteurs-compositeurs. On cherche des « grains de voix », des « univers », comme on dit sans rire à la Nouvelle Star en empruntant pompeusement le langage de Roland Barthes pour qualifier des prestations qui brillent à 90% grâce aux chansons des autres, ce que sait faire n’importe quel chanteur de bal de 14 juillet.

Mais quand on était ado, dans les années 60, il nous en a quand même fait bouffer du yéyé l’ami Eddie. Et je connais bien des garçons et des filles de mon âge qui se sont endormis au volant de leur Solex en entendant siffler le train. Et très franchement, entre nous, soyez sincère, droit dans les yeux, Carlos vous manque ?

Je suis prêt à parier qu’il va se trouver quelqu’un pour donner la consigne que chacun soit vêtu de blanc pour ses obsèques.

Hommage et respect, donc, pour ce galant homme qui aura attendu un vendredi 13 pour permettre à sa dernière compagne de toucher le gros lot.

TF1 secoue le Tapie

Ex-chanteur, ex-pilote de course, comédien de théâtre, acteur de cinéma, écrivain, homme d’affaires, prisonnier, sportif, consultant et présentateur télé, Tapie survit donc grâce à des petits boulots. TF1 l’accompagne dans sa réinsertion sociale, d’une façon totalement désintéressée, en lui confiant sa nouvelle émission “À tort ou à raison”.

Un Tapie très agité, un peu secoué, qui vient sur les écrans donner les paroles aux autres pour le seul plaisir apparent de la leur couper. Thème de la première émission : la prostitution. Tapie est contre et veut l’interdire.
” Je ne suis pas là pour faire la morale “, précise-t-il, tout en la faisant quand même puisque chacun sait qu’il est bien placé pour ça. Alors il cherche à rationaliser le comportement humain, à comprendre pourquoi les hommes vont aux putes, ce qui ne lui est jamais arrivé, bien entendu. Il découpe le problème en morceaux comme le ferait un audit fouillant dans ses comptes, ignorant que souvent les ressorts de la nature humaine nous échappent, tels ceux qui constituent la personnalité de Tapie.

Parmi les invités de cette émission sur la prostitution, la présidente d’une association de parents d’élèves… la PEEP. Prononcez ” Pêpe “, on l’aura deviné, mais le sous-titrage insistant qui apparaissait à l’image chaque fois que la dame parlait (X. présidente de la PEEP) était sans équivoque sur le bon goût qui avait conduit ce choix. Du TF1 de grande classe.

Autre invité, l’inévitable Philippe Sollers, en tournée de promo. Tapie a réussi l’exploit de ne pas lui en laisser placer une, pas même une citation, c’est dire… Juste une idée à lui : “90% des hommes ne sont pas heureux sexuellement. “Parle pour toi mon garçon. Finalement, on le préfère quand il parle avec l’esprit des autres.

La seule satisfaction que l’on puisse tirer de ce genre d’émission, c’est ce bel exemple de réinsertion sociale car il est probable que le stage d’artisan boulanger que Tapie aurait souhaité était malheureusement complet.

Bientôt, un ancien serial killer viendra expliquer aux ménagères de moins de cinquante ans comment on découpe un poulet. Jean-Marie Messier présentera une émission dans laquelle il conseillera les meilleurs placements boursiers. Crozemarie animera le Téléthon. Michel Bon nous montrera comment se désendetter en sortant d’un crédit à la consommation. Et Papon, décidément en forme pour son âge, viendra tous les matins, en début de programme, nous donner un cours d’aérobic. Histoire de nous mettre en train…