Archive dans juillet 2005

Clitolittéraire ou vaginoplumitive ?

Si vous abordez une prostituée sur un trottoir, faites-le désormais avec d’infinis égards. Grâce en effet à nos “grands éditeurs culturels”, c’est peut-être une “grande écrivaine” que vous allez déranger dans sa méditation solitaire. Approchez-vous d’elle, et plutôt que de lui demander brutalement à combien elle fait la pipe, demandez-lui à quelle école littéraire elle appartient, si elle est clitolittéraire ou vaginoplumitive.

Il ne s’agit pas ici de négliger les souffrances de ces jeunes femmes et d’être insensible et indifférent devant les multiples raisons familiales ou sociales qui les ont conduites vers la prostitution. Toutes les souffrances sont respectables, toutes les expériences sont à raconter, pour peu qu’on y ajoute un talent d’écriture, ce qui est en l’occurrence très rarement le cas. Mais de là à ce que nos grands éditeurs culturels les chassent pour en faire de “grands écrivains”, il y a quand même une passe à ne pas franchir.

Après journaliste (pour la promo et le renvoi d’ascenseur) et professeur de lettres (comme si un moniteur d’auto-école était potentiellement et nécessairement un pilote de Formule 1), la prostitution est le métier le plus convoité par nos grands éditeurs dans leurs choix éditoriaux. On ne sait pas comment les premiers doivent le prendre.

Autrefois, l’entregent d’un auteur aidait à la publication de son manuscrit. L’entrejambe s’avère aujourd’hui bien plus efficace.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas. On rencontre parfois plus de bites et de couilles dans les écrits d’un prof de littérature que dans ceux d’une prostituée. C’est qu’à ce prix-là, vous comprenez, il y a surenchère.


La désormais célèbre Patricia, qui a dénoncé ce qui reste juridiquement d’hypothétiques soirées sados-masos toulousaines, vient de recevoir une avance d’éditeur de 15000 euros. Bientôt on fabriquera de toutes pièces de copieux scandales dans le seul but d’alimenter les éditeurs.

Dans une catégorie socioprofessionnelle voisine, on trouve la porno-star et la strip-teaseuse, très choyées elles aussi par les grands éditeurs culturels. Dernière ” écri-veine “ en date, Fily Houtteman, pour son livre “Profession strip-teaseuse, les dessous d’un métier “, et dont le texte en quatrième de couverture est un régal de langue de bois et de rhétorique en dentelles. Je cite : “Pour beaucoup, elle reste l’effeuilleuse insolente qui brisa un conte de fée monégasque. “ En termes plus rustiques, c’est la bimbo night-clubarde qui s’est fait surprendre (?) par les paparazzis alors qu’elle faisait une pipe à l’époux d’une princesse connue et dont le slip était en principe ôté.

Allez mesdemoiselles ! Toutes à vos Mac et taillez bien vos plumes !

Métaphores en gueule

Il est quand même réconfortant de constater parfois que dans le domaine judiciaire notre société avance à grands pas.

À preuve cette décision de justice qui vient très officiellement de considérer que l’expression « [bip]culé de ta race » n’était pas une insulte susceptible de mettre juridiquement en cause son auteur pour diffamation. Il s’agirait d’une sorte d’expression-réflexe dont le sens premier n’est pas à retenir précisément. « En[bip]lé » est donc à prendre comme une simple métaphore qui ne veut pas nécessairement signifier une honteuse dilatation de l’anus obtenue sous l’insistante exploration d’un objet étranger. Quant au mot race , il ne viserait personne en particulier puisqu’il se rapporte à l’humanité entière, les scientifiques nous ayant expliqué qu’il n’y en a pas plusieurs mais une seule, la race humaine.

Dire à quelqu’un « En[bip]lé de ta race » se retourne alors contre son auteur en devenant une sorte d’autopénétration que seule la langue française permet de réaliser sans plus de contorsions qui pourraient mettre en danger l’état des cervicales.

Autre décision importante de la justice française, la cour de cassation a annulé la condamnation d’un mensuel qui avait qualifié le Beaujolais de « vin de m… ». Sur plainte de 56 syndicats viticoles, la cour d’appel de Lyon avait pourtant confirmé le jugement du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône. L’article contesté reprenait les termes d’un professionnel français de la dégustation qui déclarait que les viticulteurs du Beaujolais « étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de m… » . La cour de cassation a donc estimé que les précédentes décisions judiciaires étaient contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme qui protège la liberté d’expression.

Au nom de la liberté d’expression et sous le haut patronage de la justice française, je suis donc ravi de pouvoir dénoncer ici les éditeurs culturels français pour leur littérature marchande de m… et leurs en[bip]lés d’auteurs à chi[bip] (autre exemple métaphorique – Trope du premier niveau).

Ah ! Ça soulage bor[bip] de société ! (Expression également métaphorique).