Archive dans 2005

Toute condamnation à mort nuit gravement à la santé

Dans les prisons de l’État de Californie, il est désormais interdit de fumer, sans doute pour éviter de mettre en danger la vie des condamnés à mort. C’est d’ailleurs dans leur quartier que l’idée selon laquelle « fumer tue » a le plus de mal à passer.

L’information ne dit pas si, de fait, les passages à tabac seront proscrits.

Après l’abandon du dernier verre au nom de la lutte contre l’alcoolisme et maintenant de la cigarette, la peine capitale va, c’est sûr, être beaucoup moins conviviale. Il paraît même que certains détenus pensent que la mort ne vaut plus la peine d’être vécue…

La comtesse au foie gras

Je suis toujours amusé d’entendre certaines personnes tirer une sorte de petite fierté sociale à se fournir en mets fins à l’enseigne de la « Comtesse du Barry ».

Car ce que les gens ignorent probablement, c’est que la comtesse du Barry était en réalité… une personne de petite vertu, pour le dire pudiquement. Je ne l’accable pas pour autant, je dis la vérité historique, c’est tout.

Résumons : de son vrai nom de jeune fille (si je puis dire), elle s’appelle Jeanne Bécu. Sa mère est couturière et compte de nombreux amants parmi lesquels un moine dont la petite Jeanne est l’enfant naturelle. Vers l’âge de 15 ans, elle devient la maîtresse de Jean du Barry qui la met sur le trottoir pour redorer son blason financier. Puis elle rencontre Louis XV (on ne vous dira pas pour quoi faire) qui la marie au frère du proxo avant de la faire comtesse (on ne vous dira pas non plus en reconnaissance de quels services). Bref, c’est comme dans votre entreprise aujourd’hui, mais c’est mal vu de l’ébruiter.

Les gens du marketing et de la publicité le savaient-ils quand ils ont préconisé le nom de l’enseigne ? Probablement pas. Comme lorsqu’ils ont décidé de prendre l’écureuil comme symbole de la Caisse d’épargne, alors que l’écureuil est un animal bordélique qui ne sait jamais où il a foutu sa nourriture !

Si bien que maintenant – et c’est la force de persuasion du marketing et de la publicité –, il est devenu très chic d’acheter son foie gras en mémoire d’une pute et très prévoyant de confier son argent à un foutoir institutionnel…

Clitolittéraire ou vaginoplumitive ?

Si vous abordez une prostituée sur un trottoir, faites-le désormais avec d’infinis égards. Grâce en effet à nos “grands éditeurs culturels”, c’est peut-être une “grande écrivaine” que vous allez déranger dans sa méditation solitaire. Approchez-vous d’elle, et plutôt que de lui demander brutalement à combien elle fait la pipe, demandez-lui à quelle école littéraire elle appartient, si elle est clitolittéraire ou vaginoplumitive.

Il ne s’agit pas ici de négliger les souffrances de ces jeunes femmes et d’être insensible et indifférent devant les multiples raisons familiales ou sociales qui les ont conduites vers la prostitution. Toutes les souffrances sont respectables, toutes les expériences sont à raconter, pour peu qu’on y ajoute un talent d’écriture, ce qui est en l’occurrence très rarement le cas. Mais de là à ce que nos grands éditeurs culturels les chassent pour en faire de “grands écrivains”, il y a quand même une passe à ne pas franchir.

Après journaliste (pour la promo et le renvoi d’ascenseur) et professeur de lettres (comme si un moniteur d’auto-école était potentiellement et nécessairement un pilote de Formule 1), la prostitution est le métier le plus convoité par nos grands éditeurs dans leurs choix éditoriaux. On ne sait pas comment les premiers doivent le prendre.

Autrefois, l’entregent d’un auteur aidait à la publication de son manuscrit. L’entrejambe s’avère aujourd’hui bien plus efficace.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas. On rencontre parfois plus de bites et de couilles dans les écrits d’un prof de littérature que dans ceux d’une prostituée. C’est qu’à ce prix-là, vous comprenez, il y a surenchère.


La désormais célèbre Patricia, qui a dénoncé ce qui reste juridiquement d’hypothétiques soirées sados-masos toulousaines, vient de recevoir une avance d’éditeur de 15000 euros. Bientôt on fabriquera de toutes pièces de copieux scandales dans le seul but d’alimenter les éditeurs.

Dans une catégorie socioprofessionnelle voisine, on trouve la porno-star et la strip-teaseuse, très choyées elles aussi par les grands éditeurs culturels. Dernière ” écri-veine “ en date, Fily Houtteman, pour son livre “Profession strip-teaseuse, les dessous d’un métier “, et dont le texte en quatrième de couverture est un régal de langue de bois et de rhétorique en dentelles. Je cite : “Pour beaucoup, elle reste l’effeuilleuse insolente qui brisa un conte de fée monégasque. “ En termes plus rustiques, c’est la bimbo night-clubarde qui s’est fait surprendre (?) par les paparazzis alors qu’elle faisait une pipe à l’époux d’une princesse connue et dont le slip était en principe ôté.

Allez mesdemoiselles ! Toutes à vos Mac et taillez bien vos plumes !

Métaphores en gueule

Il est quand même réconfortant de constater parfois que dans le domaine judiciaire notre société avance à grands pas.

À preuve cette décision de justice qui vient très officiellement de considérer que l’expression « [bip]culé de ta race » n’était pas une insulte susceptible de mettre juridiquement en cause son auteur pour diffamation. Il s’agirait d’une sorte d’expression-réflexe dont le sens premier n’est pas à retenir précisément. « En[bip]lé » est donc à prendre comme une simple métaphore qui ne veut pas nécessairement signifier une honteuse dilatation de l’anus obtenue sous l’insistante exploration d’un objet étranger. Quant au mot race , il ne viserait personne en particulier puisqu’il se rapporte à l’humanité entière, les scientifiques nous ayant expliqué qu’il n’y en a pas plusieurs mais une seule, la race humaine.

Dire à quelqu’un « En[bip]lé de ta race » se retourne alors contre son auteur en devenant une sorte d’autopénétration que seule la langue française permet de réaliser sans plus de contorsions qui pourraient mettre en danger l’état des cervicales.

Autre décision importante de la justice française, la cour de cassation a annulé la condamnation d’un mensuel qui avait qualifié le Beaujolais de « vin de m… ». Sur plainte de 56 syndicats viticoles, la cour d’appel de Lyon avait pourtant confirmé le jugement du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône. L’article contesté reprenait les termes d’un professionnel français de la dégustation qui déclarait que les viticulteurs du Beaujolais « étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de m… » . La cour de cassation a donc estimé que les précédentes décisions judiciaires étaient contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme qui protège la liberté d’expression.

Au nom de la liberté d’expression et sous le haut patronage de la justice française, je suis donc ravi de pouvoir dénoncer ici les éditeurs culturels français pour leur littérature marchande de m… et leurs en[bip]lés d’auteurs à chi[bip] (autre exemple métaphorique – Trope du premier niveau).

Ah ! Ça soulage bor[bip] de société ! (Expression également métaphorique).

Pour quoi votait-on ?

Nous vivons dans une société passionnante dont les contradictions ne cessent de nous étonner. Elle n’a jamais autant tiré bénéfice de la superficialité et elle passe pourtant un temps infini à mesurer et à analyser le détail des choses avec l’air sérieux des grandes découvertes.

À croire cette fois que les instituts de sondages n’ont plus rien à faire depuis le référendum. On vient de commenter une enquête très pointue sur le comportement des Français et qui démontre que les détenteurs de cartes Gold ont voté « oui » et que les détenteurs de cartes ordinaires ont voté « non ».

Était-ce bien la peine de se déplacer ? Et quelle leçon scientifique originale tirer de ces résultats que nous n’aurions pas déjà comprise ?

À parier que les conducteurs de 4X4 ont globalement voté « oui » et les conducteurs de Logan, même dans la version avec essuie-glaces, ont globalement voté « non » ; que chez Fauchon on a voté pour le « oui » et pour le « non » chez Carrefour. Est-ce que la majorité des hommes portant des pantalons à braguette boutonnée ont voté « oui » et « non » pour les fermetures éclair ? Et les possesseurs d’écran plasma, ils ont voté « oui » contre les écrans 36 cm ?

On attend avec beaucoup d’impatience (ça s’impose !) que les sondeurs nous disent comment ont voté les éjaculateurs précoces…

Çonnerie aux morts…

Europe 1, jeudi 24 mai, 18 h, débat politique à propos du principe du référendum sur le Traité constitutionnel.

Le comique du jour, Douste-Blazy, ministre de la santé, se déchaîne :

« Ce moment est historique pour la démocratie. Après tout, quelles sont les personnes qui ont vécu ce moment démocratique de leur vivant  ? »

De leur vivant, je ne sais pas. Mais de leur mort, j’ai peur qu’elles ne s’en souviennent plus et qu’elles ne soient plus là pour répondre…

Qu’il est drôle ce Douste ! Il paraît que les morts n’en reviennent pas…

Titre resté en indécision…

À quelques jours du référendum, une phrase étonnante revient dans la presse d’aujourd’hui : « Ce sont les indécis qui vont faire la décision. »

Merveilleuse langue française, subtile jusqu’à la contradiction. Ainsi, l’opinion de l’indécis devient précieuse par le seul fait qu’il n’en a pas. Le pouvoir de l’indécis, c’est de ne pas se décider à en user.

On saura dimanche avec certitude que la certitude d’une Europe nouvelle mais incertaine sera née d’une incertitude. Les indéterminés auront pesé de tout leur poids en affirmant leur détermination.

NB : désolé, mais je n’ai pas pu me décider à décider d’un titre pour ce billet…

Poivre et seul

Hier mardi 17 mai, Journal de TF1, 20 heures. Patrick Poivre d’Arvor présente Valéry Giscard d’Estaing.

L’ancien président de la République vient commenter quelques articles du Traité constitutionnel.

A la fin de l’intervention, PPDA enchaîne, pressé par le temps, et annonce tout de go : « Ce journal est terminé. Bonne soirée sur TF1 avec le Corniaud . »

En une fraction de seconde on perçoit que le journaliste est surpris lui-même par la brutalité de la transition. Il semble subitement avoir avalé un piment fort, les yeux cherchent un endroit où se poser, il descend sous terre.

Il y a des moments dans la vie d’un présentateur où l’on doit se sentir très seul…

Bas les brosses !

Sérieux. Il paraît que dans notre beau pays, l’industrie la plus performante est… la serpillière française !

C’est quand même la moindre des choses pour une société autonettoyante qui s’aseptise si bien à coups de « politiquement correct ».

Il est vrai qu’à voir l’attitude de certains journalistes et de présentateurs télé devant la classe politique, nous ne sommes pas surpris par cette bonne nouvelle économique.

Solcarrelus, si tu nous entends, on te salue !

Nous attendons avec impatience de prochaines révélations sur les performances industrielles de la carpette et de la brosse à reluire.

Les “indéshitants” : une nouvelle race d’indéterminés !

Ce que je rapporte est authentique, je n’invente rien.

J’ai consacré récemment un billet à propos des « indécis » dont quelques commentaires de presse prédisaient qu’ils allaient faire la décision le jour du scrutin sur le Traité constitutionnel. Et voilà que jeudi soir, sur France 2, Arlette Chabot ouvre un débat politique par un sondage qui nous annonce, sans rire et sans que personne sur le plateau ne s’en inquiète : 23% d’indécis et 11% d’hésitants !

J’aimerais bien qu’un linguiste m’explique la différence d’amplitude du doute entre un indécis et un hésitant !

Plongeons-nous dans le Petit Robert pour vérifier une dernière fois avant de critiquer.

indécis, ise adj.

• mil. XVe « non jugé »; bas lat. indecisus « non tranché »

2• (Personnes) Qui n’a pas encore pris une décision ; qui a peine à se décider .

Qui ne sait pas prendre une décision, une résolution.

hésitant, ante adj.

• 1829; les hésitans subst. 1721; de hésiter

1• (Personnes) Qui hésite, a de la peine à se déterminer .

Qu’ont bien pu répondre les indécis pour mériter leur catégorie ?

— « Ce n’est pas que j’hésite mais je reste encore indécis. » ?

Qu’ont bien pu répondre les hésitants pour mériter la leur ?

— « Ce n’est pas que je sois indécis mais j’hésite encore » ?

Si j’essaye de comprendre ces questionneurs illettrés, un indécis est un électeur qui ne s’est pas encore déterminé sur une décision de vote. Soit. Et qu’un hésitant est un électeur, auparavant indécis, mais qui a fini par se déterminer alors que, peu sûr de lui, il hésite encore au point d’envisager une remise en cause de la décision qu’il avait prise pourtant quand il avait cessé d’hésiter.

Ouf !

A force de sonder, les sondeurs vont bien finir par toucher le fond…