Archive dans 2005

Fiscalittérature

Les magazines, littéraires ou non, veulent nous faire rêver en nous faisant le coup de l’écrivain anachorète retiré du microcosme parisien pour méditer et écrire au vert pastoral de l’Irlande. Houellebecq y habite, Michel Déon aussi, et bien d’autres.

Dans toute la presse littéraire, on voit l’auteur de « La Possibilité d’une île » se promener dans la campagne irlandaise, un agneau dans les bras. Belle image romantique.

Malheureusement, la vérité sur ces évasions bucoliques est beaucoup plus terre-à-terre que ça : en Irlande, les écrivains sont exonérés d’impôts !

Toute syntaxe comprise

TF1, L’île de la tentation. Un jeune candidat pleurnichard hystérique décide de quitter le jeu, constatant son incapacité pathologique à vivre sans sa dulcinée à ses côtés. Il s’en explique auprès d’elle, aussi liquide que lui, pour l’inciter à accepter son retrait après une argumentation aussi claire qu’un cours de Lacan si l’on s’amusait, de surcroît, à placer les mots dans le désordre.

Les deux fontaines vivent un amour « fusionnel » à tendance lacrymale (quand j’entends le mot fusionnel je sors mon tisonnier) et la fille, sans doute habituée à la syntaxe hasardeuse du monsieur, ne semble pas déboussolée pour autant. A l’issue de sa supplique, il se jette à genoux aux pieds de la belle pour la demander en mariage. Il lui lance alors cette phrase, délicieuse à entendre pour la jeune femme mais ô combien cruelle pour la langue de Molière :

« Depuis que je suis tout petit, je rêve d’aller chercher ma princesse dans mon grand cheval blanc auquel j’apporterai tout le bonheur . »

Par chance, la fille ne lui a pas envoyé une avoine. Quant à la syntaxe, elle lui en veut toujours de s’être montré aussi cavalier…

Toute condamnation à mort nuit gravement à la santé

Dans les prisons de l’État de Californie, il est désormais interdit de fumer, sans doute pour éviter de mettre en danger la vie des condamnés à mort. C’est d’ailleurs dans leur quartier que l’idée selon laquelle « fumer tue » a le plus de mal à passer.

L’information ne dit pas si, de fait, les passages à tabac seront proscrits.

Après l’abandon du dernier verre au nom de la lutte contre l’alcoolisme et maintenant de la cigarette, la peine capitale va, c’est sûr, être beaucoup moins conviviale. Il paraît même que certains détenus pensent que la mort ne vaut plus la peine d’être vécue…

La comtesse au foie gras

Je suis toujours amusé d’entendre certaines personnes tirer une sorte de petite fierté sociale à se fournir en mets fins à l’enseigne de la « Comtesse du Barry ».

Car ce que les gens ignorent probablement, c’est que la comtesse du Barry était en réalité… une personne de petite vertu, pour le dire pudiquement. Je ne l’accable pas pour autant, je dis la vérité historique, c’est tout.

Résumons : de son vrai nom de jeune fille (si je puis dire), elle s’appelle Jeanne Bécu. Sa mère est couturière et compte de nombreux amants parmi lesquels un moine dont la petite Jeanne est l’enfant naturelle. Vers l’âge de 15 ans, elle devient la maîtresse de Jean du Barry qui la met sur le trottoir pour redorer son blason financier. Puis elle rencontre Louis XV (on ne vous dira pas pour quoi faire) qui la marie au frère du proxo avant de la faire comtesse (on ne vous dira pas non plus en reconnaissance de quels services). Bref, c’est comme dans votre entreprise aujourd’hui, mais c’est mal vu de l’ébruiter.

Les gens du marketing et de la publicité le savaient-ils quand ils ont préconisé le nom de l’enseigne ? Probablement pas. Comme lorsqu’ils ont décidé de prendre l’écureuil comme symbole de la Caisse d’épargne, alors que l’écureuil est un animal bordélique qui ne sait jamais où il a foutu sa nourriture !

Si bien que maintenant – et c’est la force de persuasion du marketing et de la publicité –, il est devenu très chic d’acheter son foie gras en mémoire d’une pute et très prévoyant de confier son argent à un foutoir institutionnel…

Piqûre de mystique

Rien de moins surprenant qu’en plein été on se retrouve enflé parce que piqué par un mystique.

Tout le monde le sait maintenant, Zidane a révélé en effet que son retour dans l’équipe de France lui avait été dicté par une voix qui s’était adressée à lui la nuit.

Depuis, on entend les journalistes sportifs s’interroger très sérieusement pour tenter d’élucider l’énigme mystique. Et quand un journaliste sportif donne dans l’analyse spirituelle, croyez-moi, ça vaut le détour.

On peut craindre désormais que l’idée fasse école et notamment en politique.

Il suffit de surveiller les atermoiements gênés des Hollande, Fabius, Lang, Sarkozy, Chirac et quelques autres, quand on leur demande s’ils seront candidats aux prochaines présidentielles. Les réponses sont : « On verra le moment venu… Si on me le demande… » Autrement dit, « J’attendrai qu’on me pousse à y aller… si je sens un frémissement… une volonté… » Donc un appel extérieur indépendant du libre-arbitre de l’interviewé.

C’est pourquoi je dis que les uns et les autres seraient bien capables de nous faire le coup de l’appel venu d’ailleurs.

Pour 2007, côté Chirac on est tranquille puisque la rumeur nous dit qu’il est sourd.

Fabius ? Tellement occupé à s’écouter parler, il ne peut entendre que lui-même.

Hollande ? On l’a bien vu depuis le dernier référendum : il s’y entend pour ne rien entendre.

Besancenot ? Les jeunes n’écoutent personne.

Le Pen ? Même Jeanne d’Arc ne s’est jamais adressé à lui. De toute façon a fait le plein des voix.

Lang ? Les mauvaises langues disent que ça rend sourd.

Chevènement ? À déjà côtoyé les anges. Faut se méfier, il en a peut-être profité pour se faire des amis.

Sarkozy ? Tellement à l’affût qu’il a dû se mettre lui-même sur écoute pour tout savoir de lui.

Villepin ? On sait déjà que c’est un grand sorcier depuis sa rencontre avec Bernard-Henri Lévy (voir mon billet de juin : « Faut-il canoniser Villepin ? ») . A surveiller.

Mais putain, j’y pense ! Pourvu que Jospin n’entende rien !

Aux dernières nouvelles, Zidane serait revenu sur ses déclarations en précisant qu’il avait tout simplement entendu… la voix de son frère, et qu’il ne fallait suspecter dans ses propos aucune allusion religieuse. Ah, c’est mieux comme ça.

A propos, une angoisse me prend soudain : il a un frère Jospin ?

Clitolittéraire ou vaginoplumitive ?

Si vous abordez une prostituée sur un trottoir, faites-le désormais avec d’infinis égards. Grâce en effet à nos “grands éditeurs culturels”, c’est peut-être une “grande écrivaine” que vous allez déranger dans sa méditation solitaire. Approchez-vous d’elle, et plutôt que de lui demander brutalement à combien elle fait la pipe, demandez-lui à quelle école littéraire elle appartient, si elle est clitolittéraire ou vaginoplumitive.

Il ne s’agit pas ici de négliger les souffrances de ces jeunes femmes et d’être insensible et indifférent devant les multiples raisons familiales ou sociales qui les ont conduites vers la prostitution. Toutes les souffrances sont respectables, toutes les expériences sont à raconter, pour peu qu’on y ajoute un talent d’écriture, ce qui est en l’occurrence très rarement le cas. Mais de là à ce que nos grands éditeurs culturels les chassent pour en faire de “grands écrivains”, il y a quand même une passe à ne pas franchir.

Après journaliste (pour la promo et le renvoi d’ascenseur) et professeur de lettres (comme si un moniteur d’auto-école était potentiellement et nécessairement un pilote de Formule 1), la prostitution est le métier le plus convoité par nos grands éditeurs dans leurs choix éditoriaux. On ne sait pas comment les premiers doivent le prendre.

Autrefois, l’entregent d’un auteur aidait à la publication de son manuscrit. L’entrejambe s’avère aujourd’hui bien plus efficace.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas. On rencontre parfois plus de bites et de couilles dans les écrits d’un prof de littérature que dans ceux d’une prostituée. C’est qu’à ce prix-là, vous comprenez, il y a surenchère.


La désormais célèbre Patricia, qui a dénoncé ce qui reste juridiquement d’hypothétiques soirées sados-masos toulousaines, vient de recevoir une avance d’éditeur de 15000 euros. Bientôt on fabriquera de toutes pièces de copieux scandales dans le seul but d’alimenter les éditeurs.

Dans une catégorie socioprofessionnelle voisine, on trouve la porno-star et la strip-teaseuse, très choyées elles aussi par les grands éditeurs culturels. Dernière ” écri-veine “ en date, Fily Houtteman, pour son livre “Profession strip-teaseuse, les dessous d’un métier “, et dont le texte en quatrième de couverture est un régal de langue de bois et de rhétorique en dentelles. Je cite : “Pour beaucoup, elle reste l’effeuilleuse insolente qui brisa un conte de fée monégasque. “ En termes plus rustiques, c’est la bimbo night-clubarde qui s’est fait surprendre (?) par les paparazzis alors qu’elle faisait une pipe à l’époux d’une princesse connue et dont le slip était en principe ôté.

Allez mesdemoiselles ! Toutes à vos Mac et taillez bien vos plumes !

Métaphores en gueule

Il est quand même réconfortant de constater parfois que dans le domaine judiciaire notre société avance à grands pas.

À preuve cette décision de justice qui vient très officiellement de considérer que l’expression « [bip]culé de ta race » n’était pas une insulte susceptible de mettre juridiquement en cause son auteur pour diffamation. Il s’agirait d’une sorte d’expression-réflexe dont le sens premier n’est pas à retenir précisément. « En[bip]lé » est donc à prendre comme une simple métaphore qui ne veut pas nécessairement signifier une honteuse dilatation de l’anus obtenue sous l’insistante exploration d’un objet étranger. Quant au mot race , il ne viserait personne en particulier puisqu’il se rapporte à l’humanité entière, les scientifiques nous ayant expliqué qu’il n’y en a pas plusieurs mais une seule, la race humaine.

Dire à quelqu’un « En[bip]lé de ta race » se retourne alors contre son auteur en devenant une sorte d’autopénétration que seule la langue française permet de réaliser sans plus de contorsions qui pourraient mettre en danger l’état des cervicales.

Autre décision importante de la justice française, la cour de cassation a annulé la condamnation d’un mensuel qui avait qualifié le Beaujolais de « vin de m… ». Sur plainte de 56 syndicats viticoles, la cour d’appel de Lyon avait pourtant confirmé le jugement du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône. L’article contesté reprenait les termes d’un professionnel français de la dégustation qui déclarait que les viticulteurs du Beaujolais « étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de m… » . La cour de cassation a donc estimé que les précédentes décisions judiciaires étaient contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme qui protège la liberté d’expression.

Au nom de la liberté d’expression et sous le haut patronage de la justice française, je suis donc ravi de pouvoir dénoncer ici les éditeurs culturels français pour leur littérature marchande de m… et leurs en[bip]lés d’auteurs à chi[bip] (autre exemple métaphorique – Trope du premier niveau).

Ah ! Ça soulage bor[bip] de société ! (Expression également métaphorique).

Benoît le bon tuyau

On voit ici le pape affublé d’un casque de pompier italien. Est-ce que la foi en Dieu ne suffirait pas à se préserver des flammes de l’enfer ?

La dépêche AFP dit qu’un infirme lui a tendu un téléphone portable et que le pape a, de bonne grâce (moindre des choses dans sa position), accepté de converser avec son interlocuteur anonyme. Mince ! Pourvu que ce ne soit pas par hasard Villepin qui chercherait à faire homologuer ses miracles !

NDLR : notez bien que le numéro d’urgence des pompiers n’a pas pour autant changé. Il s’agit bien du 18 et non du 16.

Pour quoi votait-on ?

Nous vivons dans une société passionnante dont les contradictions ne cessent de nous étonner. Elle n’a jamais autant tiré bénéfice de la superficialité et elle passe pourtant un temps infini à mesurer et à analyser le détail des choses avec l’air sérieux des grandes découvertes.

À croire cette fois que les instituts de sondages n’ont plus rien à faire depuis le référendum. On vient de commenter une enquête très pointue sur le comportement des Français et qui démontre que les détenteurs de cartes Gold ont voté « oui » et que les détenteurs de cartes ordinaires ont voté « non ».

Était-ce bien la peine de se déplacer ? Et quelle leçon scientifique originale tirer de ces résultats que nous n’aurions pas déjà comprise ?

À parier que les conducteurs de 4X4 ont globalement voté « oui » et les conducteurs de Logan, même dans la version avec essuie-glaces, ont globalement voté « non » ; que chez Fauchon on a voté pour le « oui » et pour le « non » chez Carrefour. Est-ce que la majorité des hommes portant des pantalons à braguette boutonnée ont voté « oui » et « non » pour les fermetures éclair ? Et les possesseurs d’écran plasma, ils ont voté « oui » contre les écrans 36 cm ?

On attend avec beaucoup d’impatience (ça s’impose !) que les sondeurs nous disent comment ont voté les éjaculateurs précoces…

Faut-il canoniser Villepin ?

Photo AFP

Pincez-vous, ce que vous allez lire est authentique, je n’invente rien.

Dès la nomination de Dominique de Villepin connue, Europe 1 interroge au téléphone Roselyne Bachelot pour connaître son opinion sur la personne du nouveau premier ministre. Elle raconte son entrevue avec lui le jour où elle a été nommée porte-parole du gouvernement. Elle dit qu’elle manquait de confiance en elle, qu’elle pensait ne pas être à la hauteur, et s’en ouvre à son ami : « Dominique de Villepin l’a deviné, dit-elle. Alors il m’a pris les mains, m’a regardée droit dans les yeux et m’a dit : Je sais que tu peux y arriver, aie confiance en toi, tout est en toi. » Alors Roselyne avoue que dès ce moment elle s’est sentie « transportée », « soulevée », car cet homme dégageait « quelque chose d’extraordinaire ».

Deuxième séquence surnaturelle racontée dans un chapitre du livre de Philippe Boggio, Une vie (la Table ronde), consacré à Bernard-Henri Lévy. Vous pouvez vérifier, ce que j’écris est révélé à partir de la page 417 et n’a pas été contesté.

“C’est une histoire invraisemblable, à faire peur, vérifiée à des sources fiables, une histoire de stigmates et de Christ”, prévient l’auteur.

Nous sommes en 1997. BHL déprime à l’île Maurice. Oui parce que l’élite déprime toujours à l’île Maurice. Son film Le jour et la nuit , vous vous en souvenez, est un échec. Dominique de Villepin, qui ne connaît pas BHL, l’apprend et lui téléphone pour lui demander de passer le voir dès qu’il sera de retour à Paris. Pourquoi cette sollicitude ? Parce que Villepin aime paraît-il rencontrer les gens en situation d’échec.

Comme organisé, les deux hommes se rencontrent quelques jours plus tard. Au cours de la conversation, Villepin dit à BHL : « Vous avez l’air d’un Christ sans plaies.  » BHL est surpris. La tête lui tourne. Il quitte son hôte et rentre chez lui. Journée difficile. La phrase de celui qui est alors secrétaire général de l’Élysée le hante. Sommeil agité, il se réveille en pleine nuit et… ses mains saignent ! Arielle Dombasle prend peur. Ils font le tour des hôpitaux. Paris, Londres, Milan. Quand on a du pognon, le médecin référant, on s’en tape.

« Après deux ou trois semaines, raconte l’auteur, ses blessures ont tendance à réapparaître en fin de journée et à se refermer la nuit ». BHL ne peut plus écrire, il est obligé de dicter ses articles. BHL rencontre de nouveau Villepin : « Pour chasser la gêne, Villepin plaisante. Il savait bien, s’étonne-t-il, qu’il avait un pouvoir, qu’il était un grand sorcier africain mais à ce point ! »

Hallucinant, non ?

Je ne voudrais me mêler imprudemment d’une affaire qui ne me regarde pas (d’autant que je n’aime pas trop les aiguilles), mais il faudrait immédiatement alerter Benoît je ne sais plus combien pour qu’il canonise Villepin sancto subito avant qu’il tue quelqu’un. Puisque là, plus d’enquête nécessaire comme pour Jean-Paul, les miracles étant avérés.

Alors si vous êtes privé d’emploi et dans la mouscaille jusqu’au cou, envoyez au Grand Sorcier Dominique un ongle ou une mèche de cheveux : il vous trouvera un job en moins de 100 jours.

Monsieur Dominique

  • Grand sorcier vaudou
  • Grand marabout chiraquien
  • 99% de réussite (le 1% manquant c’est la dissolution de l’Assemblée nationale suite à une grève des esprits)
  • Reçoit uniquement sur rendez-vous et seulement si vous êtes en vacances à l’île Maurice
  • Prévoit les heures de retours difficiles le week-end
  • Politologie dans le marc de café
  • Statistiques au pendule
  • Fait tourner les tables de négociation
  • Désintoxique de la 1664

Il n’y a plus quand même à espérer qu’il ne va pas se mettre à multiplier les Villepin…