Affaire des homards : cauchemar en cuisine…

Toute une histoire parce que des homards ont invité à dîner un écologiste devenu président de l’Assemblée Nationale puis ministre ! Les homards voulaient tout symboliquement honorer tous les écologistes radicaux pour leur talent moraliste à bien faire comprendre au petit peuple que, pour sauver la planète, ils doivent apprendre à se priver de tout ce que d’autres ne se privent pas. Sachant, au final, que l’impact des privations de la masse sera plus important et utile que celui de l’élite. 

En prenant le risque de se perdre dans un panier de crabes, les homards ont donc invité le ministre à dîner alors qu’ils vous répètent devant les caméras que, franchement, les hommes politiques ils n’aiment pas ça. D’ailleurs ils en sont allergiques, ils n’en ont jamais mangé. Entendez-bien que les homards boivent de l’eau puisqu’ils ne peuvent pas faire autrement et que les grands vins qui les accompagnent à table, ils n’aiment pas ça. Alors, déconfits, surpris les pinces dans la mayonnaise, les homards regrettent sur tous les plateaux télé d’avoir entraîné le ministre dans les eaux profondes de l’oubli politique.

 

Comment cuire un écologiste ?

Dans un gouvernement, choisissez un bel écologiste vivant, dont la queue se recourbe lorsqu’on le redresse. Sa carapace politique doit être épaisse et dure pour que la chair soit abondante. Consommez-le durant la pleine saison, en pleine session de l’Assemblée nationale. Mais comment cuire un écologiste pour le réussir à coup sûr et qu’il se décortique facilement ? Préparez-le à l’eau dans un court-bouillon d’idées contradictoires, à la vapeur, grillé au four ou au barbecue. Hors session, vous pourrez opter pour un écologiste congelé comme la Royale Ségolène que l’on trouve uniquement dans les eaux de l’antarctique. Conservez la carcasse pour préparer un futur gouvernement.

 

Cuisson de l’écologiste à l’eau

Dans l’une de ces grosses casseroles que l’on trouve en politique, versez suffisamment d’eau froide pour recouvrir ensuite l’écologiste. L’écologiste a l’habitude de l’eau froide. Salez à raison d’une bonne dose de rémunération. Portez l’eau ainsi salée à ébullition. Aux premiers bouillons, prenez l’écologiste derrière la tête et plongez-le dans l’eau bouillante en immergeant la tête en premier. Couvrez la casserole. Le temps de cuisson variera selon sa taille. À titre d’exemple, le Hulot, arrosé de vin Nicolas, a cuit assez rapidement. Stoppez immédiatement la cuisson de l’écologiste en l’égouttant sans ménagement. Attention de ne pas prolonger la cuisson car l’écologiste peut rapidement prendre la grosse tête et menacer d’éclater à l’idée de prendre la place du Grand Homard. C’est ce qu’on appelle en cuisine le syndrome Jadot caractérisé par une hypertrophie de la carapace qui le rendra peu consommable à moyen terme. Dégustez-le immédiatement, fendu en 2 dans la longueur ou faites-le refroidir dans un bain d’eau froide avec une bonne sauce électorale. L’écologiste a l’habitude de l’eau froide.

 

Cuisson de l’écologiste au barbecue

Profitez des belles journées d’été pour griller votre écologiste au barbecue. Coupez-le en deux dans la longueur. Enlevez les boyaux. Arrosez d’un filet d’éléments de langage, salez d’une bonne dose d’hystérie et poivrez de catastrophisme (en poudre). Laissez reposer. Pendant ce temps, préparez et faites chauffer le barbecue. Déposez les demi-écologistes chair face à la grille placée à mi-hauteur et faites-les cuire pendant 15 minutes. Retournez-les à mi-cuisson. Lorsqu’ils sont prêts, leur carapace devient rouge vif et la chair d’un vert vif se décolle facilement des carcasses avec un couteau. Enlevez les écologistes du feu. Servez-les immédiatement avec une sauce spéciale à base d’échalotes de course, de porto Hidalgo et de crème Duflot, même plus très fraîche mais épaisse.

On apprend de source gastronomique que les homards ont décidé de porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre toute accusation de cauchemar en cuisine.

Et Dieu dans tout ça ?

Affaire Lambert. En marge de l’exposition médiatique et des manifestations impudiques et parfois hystériques qui ont marqué cette douloureuse affaire, un petit détail d’ordre spirituel est passé apparemment inaperçu. Comment expliquer que des catholiques intégristes aient aussi peu confiance en Dieu et en son paisible paradis ? Je comprends bien que, pour eux, Dieu donne la vie et que lui seul peut la reprendre. Mais comment s’en remettre à la justice des Hommes et s’acharner autant par toutes les arguties juridiques à reculer l’heure à laquelle le pauvre Vincent aurait pu s’asseoir à la droite du seigneur ? Au fond, la foi est plus souple à manier selon les circonstances comparée à la réticence angoissée de coucher sur le papier ses directives anticipées. Il est peut-être plus facile d’agiter son espérance face à un Dieu que de se confronter à la réalité de sa propre finitude. L’intérêt de croire dans une forme d’intégrisme libéral, c’est d’imaginer qu’on retarde l’échéance par les bonnes grâces de la transcendance. 

Faut pas prendre les enfants de Bourdieu pour des connards sauvages

On se préoccupe beaucoup, en ces dernières heures de campagne électorale médiatique, de savoir dans quel état d’épuisement les candidats vont terminer cette première partie de l’épreuve. On devrait plutôt s’inquiéter de savoir dans quel état d’expectative lassée vont finir les électeurs.

Il est probable que le citoyen assidu finira cette aventure écroulé sous les sondages, surveillant la fluctuation des points comme au concours de l’Eurovision, alors qu’on dénombre 18 millions d’indécis, ce qui relativise quand même les calculs. Quant aux médias, ils auront passé plus de temps à publier, commenter et décortiquer les sondages qu’à nous proposer de sérieuses analyses comparatives des différents programmes.

Les débats de fond contradictoires n’ont pas eu lieu. Les candidats les plus en vue en sont responsables ; les autres, plus batailleurs, étaient pourtant prêts à en découdre. Les deux candidats désignés comme principaux par les sondages ont refusé la confrontation, Ségolène Royal, invitée par des journalistes, ne s’est pas toujours rendue aux rendez-vous.

On l’a surprise maintes fois à infantiliser son auditoire, des journalistes aussi, selon une vieille méthode de management qui n’est qu’une défensive et qui se répand de plus en plus dans notre société.

Par crainte d’être interrogés sur la politique étrangère de la France pour les cinq années qui viennent, par exemple, les postulants ont préféré répondre à des magazines de troisième ordre pour dire ce qu’ils pensaient des… animateurs de télévision. Même François Bayrou a donné une interview à un magazine canin. On rêve.

 

Remettre la France au travail. Au noir ?

On attendait aussi que de vrais journalistes d’investigation, indépendants, libres, aillent contre-enquêter scrupuleusement les affirmations du Canard enchaîné à propos des supposées affaires immobilières et fiscales de deux candidats. Mais ces enquêtes, légitimes en démocratie quand règne une réelle liberté de la presse, n’ont pas eu lieu ou ont été étouffées. Deux candidats s’étaient engagés à publier leur patrimoine, ils ne l’ont pas fait. Dans une semaine, le ou la candidate élu (e) pourra se couvrir derrière la Constitution pour ne pas répondre aux questions dérangeantes.

Beaucoup de Français ont apporté leurs commentaires sur ces sujets et nombreux ont jugé qu’on avait tort de s’attarder sur ces questions et de persécuter les candidats. C’est que la fraude, sport national français, a aussi ses supporters. Et on a probablement tort de réclamer un peu de lumière sur l’intégrité de ceux qui nous donnent des leçons de morale et qui veulent nous remettre au travail, nous qui n’avons jamais cessé d’y être pour ne mériter que les placards que nous réservaient des patronnets psychopathes, des privations d’augmentations de salaire et pire que tout, une absence totale de reconnaissance du travail réalisé.

 

Les grands et les petits

Dans notre pays démocratique, nous avons entendu aussi qu’il y avait des grands et des petits candidats, au contraire du principe d’égalité proclamé par la République. Un petit candidat est un candidat dont on estime qu’il a peu de chance d’être élu. Comment le sait-on ? Par les instituts de sondages. Des sondages qui font donc un premier tri démocratique pour nous dispenser de trop réfléchir.

On a pu remarquer aussi que les journalistes étaient pleins d’égards et de condescendance pour les candidats principaux quand ils les interrogeaient, et prompts à la raillerie anecdotique devant les autres sans intention d’entrer vraiment dans leur programme.

Si j’avais eu la malencontreuse idée de présenter ma candidature, j’aurais élaboré depuis longtemps un programme bétonné et peaufiné dans les moindres détails avec une vision de l’évolution de la France pour les années qui viennent. Mais comment attendre des candidats une mise en perspective qui n’existe même plus dans les entreprises ? Pour exemple, la mienne, où le grand calife vient brutalement de s’apercevoir que la presse écrite était en perte de lectorat et que l’avenir était sur Internet, ce que j’avais déjà compris il y a 7 ans en créant ce site…

À écouter les candidats en lice, on a eu l’impression qu’il existait certes un socle d’idées, mais que le véritable programme se construisait à la hache au jour le jour, de meeting en meeting, d’interview en interview. Avec les inévitables dérapages de la parole intensive, trop sollicitée pour le seul objectif de distribuer des mots. Je ne suis pas sûr que les militants socialistes, par exemple, aient beaucoup apprécié de voir leur candidate se détacher du programme du parti (elle l’a dit) pour imposer ses propres vues après leur avoir fait le coup de la fameuse « démocratie participative ». Curieusement, alors qu’ils avaient promis juré leur soutien, les « éléphants » du parti ont été bien timides ou écartés. Même un Jack Langue s’est fait très discret, ce qui n’est pourtant pas son habitude. En cas de victoire au deuxième tour, on les verra quand même sur les plateaux de télévision pour se féliciter, comme ils se le doivent.

Pour les deux candidats principaux, la démagogie enflammée a pris souvent le pas sur la Raison et la sincérité. Ségolène Royal aurait-elle eu à s’exprimer devant une assemblée de lanceurs de nains qui se seraient plaints d’une pénurie de munitions, qu’elle leur aurait promis aussitôt de doubler le nombre de nains en France.

 

Soutiens d’outre-tombe

De son côté, Nicolas Sarkozy s’est appuyé sur des références historiques et littéraires prestigieuses, mais inattendues de sa part, sans doute pour faire oublier des soutiens culturels comme Doc Gynéco et Steevy Boulay du loft. Après nous avoir fait croire qu’il connaissait par cœur la lettre émouvante de Guy Moquet, le voilà qui fait un tour de cimetière vite fait à Colombey-les deux-églises pour se faire filmer longuement, de face, de profil et de dos, seul, devant la tombe du Général et devant l’immense croix de Lorraine. Pas mis en scène du tout.

Puis le voici qui reprend ses références en déclarant cette fois son admiration pour Jean-Paul II. Sait-on jamais, l’intercesseur miraculeux auprès de Dieu pour guérir les tremblements de Parkinson pourrait bien faire quelque chose au prochain scrutin. On a beau s’être prononcé pour l’égalité des chances et contre la France du piston, on ne va pas tout de même pas se priver d’un miracle.

 

Giscard au Panthéon ?

Giscard trahit sa famille politique d’origine et rallie le clan qui a manigancé sa défaite en 81, un dégagement politique qu’il a lui-même révélé dans son dernier livre. C’est que, voyez-vous, l’âge de Monsieur est avancé et qu’il vaut mieux caresser tout de suite dans le sens du poil le pouvoir probable de demain. Ce collectionneur de titres, d’avantages et d’honneurs a sûrement déjà mis au point le scénario de son entrée majestueuse au Panthéon que ce pouvoir-là ne saura lui refuser. Qu’il se rassure, il doit rester environ trois cents places, en se serrant un peu.

 

La présidence de la République est-elle inscrite dans les gènes ?

On se souvient que la mère de Giscard, en 1974, nous assurait à la télévision que son fils était prédestiné à être président de la République à cause de son profil napoléonien qu’elle était seule à voir. Nul doute que Nicolas Sarkozy n’est pas loin de penser à cette prédestination et que Ségolène Royal lui emboîte l’idée. La question se pose alors de savoir si la présidence de la République ne serait pas inscrite dans les gènes. On pourrait très bien imaginer une détection précoce dans les maternelles comme certains voudraient le faire bientôt pour les comportements violents. Le plus délicat, c’est qu’on risquerait de rencontrer des troubles du comportement, une sorte d’autocratie précoce, chez certains enfants reconnus pourtant comme potentiellement aptes à gouverner les autres…

 

La farce tranquille

Après avoir changé plusieurs fois de slogans au cours de la campagne Ségolène Royal, qui visiblement décide seule, se fixe désormais sur “la France présidente”. Et voilà que Jacques Séguéla trouve ce slogan extraordinaire et remarquable… Alors que ce slogan aurait pu être l’invention de n’importe quel stagiaire d’Havas. En réponse à cette admiration dévote, Ségolène Royal en rajoute et lance sur une tribune qu’elle est la “Force tranquille”, slogan dont le même Séguéla est l’auteur !

 

Elections : le salon de l’auto… crate

Comment faire le tri entre le fond qui va engager la France et les artifices de la société du spectacle ? Les stratégies de récupération, on les devine, on les lit sur les lèvres et dans les regards. Les petites phrases, on les décode. Les hésitations, on les voit. Les comportements autocrates, ils nous aveuglent et ne nous rassurent pas. C’est qu’il y a ceux qui vendent nos cerveaux disponibles à Coca-Cola et ceux qui nous ont appris à le rendre disponible pour être un meilleur citoyen, avisé, plus averti dans la lecture des codes et donc moins crédule.

Faudrait pas prendre les enfants de Bourdieu pour des connards sauvages.

Un café et l’addiction !

Au dernier Conseil des ministres, le Président de la République a annoncé un plan de lutte contre l’addiction. Du coup, les « addictologues » s’addictent aux radios et aux magazines pour nous expliquer finalement que nous avions tort de croire la tendance hédoniste qui nous enseignait que pour garder le moral il fallait de temps en temps s’accorder de menus plaisirs.

Si la prévention des comportements addictifs se comprend quand il s’agit de combattre les méfaits de la drogue, de l’alcool et du tabac, on reste tout de même stupéfaits d’entendre ces spécialistes nous dresser la liste de toutes les addictions auxquelles nous sommes exposés et dont ils veulent nous protéger. Au motif en effet que la « trajectoire addictive » (je cite) est la même pour toutes les formes d’addiction qui peuvent nuire à notre entourage et nous jeter dans l’abîme. Voici l’inexorable trajectoire : usage normal > abus > addiction.

Et comme on peut être addict à tout et n’importe quoi, la liste est ouverte : le jeu, la nourriture, le sexe, les médicaments, le crédit, la religion, la politique, le pouvoir, l’argent, la consommation, la bourse, le sport, le soleil, la sieste, le travail, les réunions, les jeux vidéo, Internet, la télévision… Je vous laisse le soin d’en compléter la liste en vous gardant cependant de la prise de tête qui mettrait votre cerveau en voie d’addiction.

Mettons notre logique à l’épreuve et considérons que pour éviter toute addiction il faut surveiller les abus auxquels nous aurait conduits un usage normal. Méfions-nous donc de l’usage normal de toute chose. Et comme l’on ne saura jamais où situer les bornes de la normalité, renonce tout simplement à l’usage. Donc, en toute logique, il nous faut réprimer tout ce qui pourrait nous apparaître à première vue comme un menu plaisir. Si vous faites l’amour une fois par mois, surveillez-vous, parce que la dérive commence comme ça.

Qui connaît la véritable philosophie d’Épicure saura qu’il faut se contenter de peu pour connaître le bonheur, voire l’ataraxie. Il s’agirait tout simplement, au lieu de nous apprendre à vivre dans l’excès et dans la performance, d’expliquer aux plus jeunes ce que sont la tempérance et le sens de la mesure en toutes choses. Un cours de philosophie élémentaire qu’il ne serait pas inutile d’introduire à l’école dès le primaire plutôt que d’enseigner un code de la route sans rapport avec les fondamentaux que l’on doit transmettre à nos enfants.

Au cours d’un débat sur Europe 1, l’animateur pose la question de l’addiction au pouvoir faisant allusion à l’initiateur du projet, Jacques Chirac. Réponse du spécialiste : « On peut aimer le pouvoir à condition que l’entourage n’en souffre pas. » Certes, mais dans le cas d’un Président de la République en exercice ou d’un (e) prétendant (e), son entourage on s’en fout, c’est de l’équilibre de tout un peuple qu’il s’agit !

Désormais, des questions fondamentales se posent à la société : faut-il hospitaliser d’urgence les supporters de l’O.M. ? Faut-il traiter le Président pour son addiction à la Corona ? Faut-il renoncer aux 35 heures pour passer à 20 heures afin d’éviter toute addiction au travail ? Pour donner raison à ceux qui prétendent que les Français ne travaillent pas assez, faut-il se rendre addict au travail pour sauver l’économie ? Cet effort au boulot compenserait-il les dépenses de Sécurité sociale occasionnées par l’addiction au travail ? Pas simple.

Cette société est contradictoire. Les organismes de crédit nous sollicitent pour nous inciter à consommer toujours plus et les écologistes nous reprochent de trop consommer et de produire trop de déchets. On nous vend des produits minuscules dans des emballages surdimensionnés pour nous reprocher ensuite de jeter trop de déchets cartonnés. On nous culpabilise avec l’audace de nous dire que c’est nous qui devrions sélectionner les produits aux petits emballages comme si on choisissait un produit pour l’importance de sa boîte, comme si l’on devait préférer la sobriété du contenant à la qualité du contenu.

Cette société nous vend le produit, son addiction, et la façon de s’en débarrasser. Comme depuis quelques jours où l’on nous vend un réfrigérateur accompagné d’une écotaxe, c’est-à-dire ce qu’il va coûter à la société à cause de nous quand il ne vaudra plus rien (!), parvenu au stade de déchet. Un impôt sur l’acte d’achat alors que le recyclage de ces encombrants est déjà payé dans nos taxes locales. On sera refroidi de découvrir un jour que des malins ont compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer du réchauffement de la planète en nous terrorisant avec des chiffres et des échéances qui laissent même perplexe la communauté scientifique.

Cette société nous incite à regarder la télévision et nous reproche de lui consacrer trop de temps. Elle nous reproche de trop la regarder alors qu’elle s’applique à en mesurer l’audience. Et dès que l’audience d’une émission faiblit, elle est retirée des programmes. Autrement dit, dès qu’on la regarde moins elle ne présente plus d’intérêt pour les annonceurs. Donc, plus on est addict à une émission, plus on active les recettes publicitaires. Allez comprendre…

On avait senti venir le coup depuis les multiples mesures coercitives contre les fumeurs pendant que l’alcoolisme et le cannabis se répandent tranquillement chez les jeunes. On peut se demander si, à l’allure où elle avance, cette dictature hygiéniste n’est pas en train de prendre le chemin de l’addiction…

De l’effet additif des adjectifs adjuvants

À propos de l’inquiétude des personnels confrontés à la soudaine décision de fusionner le groupe Suez et Gaz de France, le ministre de l’économie Thierry Breton vient de déclarer : « Nous apporterons des réponses exhaustives, précises et concrètes. »

Il ne reste plus qu’à espérer que les questions soient pertinentesjudicieuses et fondées

Toute condamnation à mort nuit gravement à la santé

Dans les prisons de l’État de Californie, il est désormais interdit de fumer, sans doute pour éviter de mettre en danger la vie des condamnés à mort. C’est d’ailleurs dans leur quartier que l’idée selon laquelle « fumer tue » a le plus de mal à passer.

L’information ne dit pas si, de fait, les passages à tabac seront proscrits.

Après l’abandon du dernier verre au nom de la lutte contre l’alcoolisme et maintenant de la cigarette, la peine capitale va, c’est sûr, être beaucoup moins conviviale. Il paraît même que certains détenus pensent que la mort ne vaut plus la peine d’être vécue…

La comtesse au foie gras

Je suis toujours amusé d’entendre certaines personnes tirer une sorte de petite fierté sociale à se fournir en mets fins à l’enseigne de la « Comtesse du Barry ».

Car ce que les gens ignorent probablement, c’est que la comtesse du Barry était en réalité… une personne de petite vertu, pour le dire pudiquement. Je ne l’accable pas pour autant, je dis la vérité historique, c’est tout.

Résumons : de son vrai nom de jeune fille (si je puis dire), elle s’appelle Jeanne Bécu. Sa mère est couturière et compte de nombreux amants parmi lesquels un moine dont la petite Jeanne est l’enfant naturelle. Vers l’âge de 15 ans, elle devient la maîtresse de Jean du Barry qui la met sur le trottoir pour redorer son blason financier. Puis elle rencontre Louis XV (on ne vous dira pas pour quoi faire) qui la marie au frère du proxo avant de la faire comtesse (on ne vous dira pas non plus en reconnaissance de quels services). Bref, c’est comme dans votre entreprise aujourd’hui, mais c’est mal vu de l’ébruiter.

Les gens du marketing et de la publicité le savaient-ils quand ils ont préconisé le nom de l’enseigne ? Probablement pas. Comme lorsqu’ils ont décidé de prendre l’écureuil comme symbole de la Caisse d’épargne, alors que l’écureuil est un animal bordélique qui ne sait jamais où il a foutu sa nourriture !

Si bien que maintenant – et c’est la force de persuasion du marketing et de la publicité –, il est devenu très chic d’acheter son foie gras en mémoire d’une pute et très prévoyant de confier son argent à un foutoir institutionnel…

Clitolittéraire ou vaginoplumitive ?

Si vous abordez une prostituée sur un trottoir, faites-le désormais avec d’infinis égards. Grâce en effet à nos “grands éditeurs culturels”, c’est peut-être une “grande écrivaine” que vous allez déranger dans sa méditation solitaire. Approchez-vous d’elle, et plutôt que de lui demander brutalement à combien elle fait la pipe, demandez-lui à quelle école littéraire elle appartient, si elle est clitolittéraire ou vaginoplumitive.

Il ne s’agit pas ici de négliger les souffrances de ces jeunes femmes et d’être insensible et indifférent devant les multiples raisons familiales ou sociales qui les ont conduites vers la prostitution. Toutes les souffrances sont respectables, toutes les expériences sont à raconter, pour peu qu’on y ajoute un talent d’écriture, ce qui est en l’occurrence très rarement le cas. Mais de là à ce que nos grands éditeurs culturels les chassent pour en faire de “grands écrivains”, il y a quand même une passe à ne pas franchir.

Après journaliste (pour la promo et le renvoi d’ascenseur) et professeur de lettres (comme si un moniteur d’auto-école était potentiellement et nécessairement un pilote de Formule 1), la prostitution est le métier le plus convoité par nos grands éditeurs dans leurs choix éditoriaux. On ne sait pas comment les premiers doivent le prendre.

Autrefois, l’entregent d’un auteur aidait à la publication de son manuscrit. L’entrejambe s’avère aujourd’hui bien plus efficace.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas. On rencontre parfois plus de bites et de couilles dans les écrits d’un prof de littérature que dans ceux d’une prostituée. C’est qu’à ce prix-là, vous comprenez, il y a surenchère.


La désormais célèbre Patricia, qui a dénoncé ce qui reste juridiquement d’hypothétiques soirées sados-masos toulousaines, vient de recevoir une avance d’éditeur de 15000 euros. Bientôt on fabriquera de toutes pièces de copieux scandales dans le seul but d’alimenter les éditeurs.

Dans une catégorie socioprofessionnelle voisine, on trouve la porno-star et la strip-teaseuse, très choyées elles aussi par les grands éditeurs culturels. Dernière ” écri-veine “ en date, Fily Houtteman, pour son livre “Profession strip-teaseuse, les dessous d’un métier “, et dont le texte en quatrième de couverture est un régal de langue de bois et de rhétorique en dentelles. Je cite : “Pour beaucoup, elle reste l’effeuilleuse insolente qui brisa un conte de fée monégasque. “ En termes plus rustiques, c’est la bimbo night-clubarde qui s’est fait surprendre (?) par les paparazzis alors qu’elle faisait une pipe à l’époux d’une princesse connue et dont le slip était en principe ôté.

Allez mesdemoiselles ! Toutes à vos Mac et taillez bien vos plumes !

Métaphores en gueule

Il est quand même réconfortant de constater parfois que dans le domaine judiciaire notre société avance à grands pas.

À preuve cette décision de justice qui vient très officiellement de considérer que l’expression « [bip]culé de ta race » n’était pas une insulte susceptible de mettre juridiquement en cause son auteur pour diffamation. Il s’agirait d’une sorte d’expression-réflexe dont le sens premier n’est pas à retenir précisément. « En[bip]lé » est donc à prendre comme une simple métaphore qui ne veut pas nécessairement signifier une honteuse dilatation de l’anus obtenue sous l’insistante exploration d’un objet étranger. Quant au mot race , il ne viserait personne en particulier puisqu’il se rapporte à l’humanité entière, les scientifiques nous ayant expliqué qu’il n’y en a pas plusieurs mais une seule, la race humaine.

Dire à quelqu’un « En[bip]lé de ta race » se retourne alors contre son auteur en devenant une sorte d’autopénétration que seule la langue française permet de réaliser sans plus de contorsions qui pourraient mettre en danger l’état des cervicales.

Autre décision importante de la justice française, la cour de cassation a annulé la condamnation d’un mensuel qui avait qualifié le Beaujolais de « vin de m… ». Sur plainte de 56 syndicats viticoles, la cour d’appel de Lyon avait pourtant confirmé le jugement du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône. L’article contesté reprenait les termes d’un professionnel français de la dégustation qui déclarait que les viticulteurs du Beaujolais « étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de m… » . La cour de cassation a donc estimé que les précédentes décisions judiciaires étaient contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme qui protège la liberté d’expression.

Au nom de la liberté d’expression et sous le haut patronage de la justice française, je suis donc ravi de pouvoir dénoncer ici les éditeurs culturels français pour leur littérature marchande de m… et leurs en[bip]lés d’auteurs à chi[bip] (autre exemple métaphorique – Trope du premier niveau).

Ah ! Ça soulage bor[bip] de société ! (Expression également métaphorique).

Pour quoi votait-on ?

Nous vivons dans une société passionnante dont les contradictions ne cessent de nous étonner. Elle n’a jamais autant tiré bénéfice de la superficialité et elle passe pourtant un temps infini à mesurer et à analyser le détail des choses avec l’air sérieux des grandes découvertes.

À croire cette fois que les instituts de sondages n’ont plus rien à faire depuis le référendum. On vient de commenter une enquête très pointue sur le comportement des Français et qui démontre que les détenteurs de cartes Gold ont voté « oui » et que les détenteurs de cartes ordinaires ont voté « non ».

Était-ce bien la peine de se déplacer ? Et quelle leçon scientifique originale tirer de ces résultats que nous n’aurions pas déjà comprise ?

À parier que les conducteurs de 4X4 ont globalement voté « oui » et les conducteurs de Logan, même dans la version avec essuie-glaces, ont globalement voté « non » ; que chez Fauchon on a voté pour le « oui » et pour le « non » chez Carrefour. Est-ce que la majorité des hommes portant des pantalons à braguette boutonnée ont voté « oui » et « non » pour les fermetures éclair ? Et les possesseurs d’écran plasma, ils ont voté « oui » contre les écrans 36 cm ?

On attend avec beaucoup d’impatience (ça s’impose !) que les sondeurs nous disent comment ont voté les éjaculateurs précoces…